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Le Maroc à moto : De Merzouga à Marrakech par le Haut Altas

Le Maroc à moto : De Merzouga à Marrakech par le Haut Altas

Au matin, par un temps magnifique mais un peu frais nous prenons la direction de Merzouga. L’impatience nous gagne en imaginant le spectacle des dunes et la nuit dans le désert.
Le paysage devient de plus en plus aride, peu de végétation et au loin on aperçoit les formes dodues des dunes orangées.
Notre regard est attiré par de grandes tentes berbères, quelques dromadaires et des hommes joliment enturbannés près d’une construction basse en terre. Intrigués nous nous arrêtons. Nous laissons la moto sous la surveillance d’un jeune dromadaire rétif que ses maîtres ont entravé, “parce qu’il fait des bêtises, alors il faut le dresser !”

Hassan et Abdoul sont frères et nous expliquent que ces constructions sont en fait la partie visible de puits souterrains traditionnels, appelés khettaras, indispensables à la survie des peuples du désert. Les deux frères font partie d’une association qui aide les familles Berbères, alors si nous revenons au Maroc il nous faudra apporter quelques vêtements pour les enfants, et des fournitures scolaires.

Plus nous approchons de Merzouga, plus le sable gagne du terrain. Les villes se font villages, la route perd son revêtement et se transforme en piste poussiéreuse. Nous croisons des femmes voilées de noir, et toujours les hommes juchés sur des ânes ou des mobylettes, le regard fixé sur l’horizon.

Nous arrivons à Merzouga  au bout d’une interminable ligne droite.

Les dunes aux contours soyeux sont toutes en ombres et en déliés sous le soleil. Les crêtes de sables changent au gré des vents, grain après grain elles se réinventent et modifient le paysage.
Nous avons réservé sur internet une nuit sous la tente dans les dunes. Après avoir trouvé le restaurant qui organise le bivouac, garé la moto pour monter dans un 4X4 conduit par un as de la conduite dans le sable, c’est parti pour une folle équipée dans le désert. Surf sur la crête des dunes, descente en plongée et montée en crabe. J’essaie de garder mon estomac dans sa configuration physiologique.
Le bivouac est magnifique, organisé en U avec des tapis menant à chacune des tentes en toile blanche, et des lanternes en fer forgé qui s’allumeront la nuit pour nous guider jusqu'à la nôtre. Un lieu  plutôt haut de gamme, assez loin d’un camp typiquement Berbère, mais un peu de confort ne nuit pas à deux motards fatigués par de longues journées de route.
La soirée est magique, nous assistons au coucher du soleil sur les dunes, qui décline toutes les nuances de roses. Au loin sur une crête, la méharée, convoi de dromadaires, chemine lentement et se découpe sur un ciel mauve.

Dîner sous une grande tente, bougies et tapis réchauffent l’atmosphère. Avant de regagner notre chambre toilée, on s’assoit autour d’un grand feu allumé dans un brasero, et des musiciens entament une mélopée rythmée et envoûtante au son des tam-tam.

Une nuit froide est tombée sur le désert, les chants et les percussions se sont tus, les épaisses couvertures nous accueillent pour un sommeil profond.

Dès les premières lueurs du jour, nous sommes dehors, habillés chaudement pour ne rien rater d’un lever de soleil. Encore un festival de couleurs qui n’existent qu’ici.
Il est temps de reprendre la route, le 4X4 nous ramène dare-dare à notre moto et nous enfourchons la BMW pour une longue journée de route.

Traversée de l’oasis Hassan, les ksour (pluriel de ksar) somnolent sous les palmiers jaunis par une sécheresse qui dure depuis de longs mois. Tout près de la route, une dizaine de dromadaires en liberté broutent la maigre végétation. On s’arrête pour les prendre en photo, quand soudain nous apercevons, surgit de nulle part, leur propriétaire courant vers nous, aussi vite que lui permettent le sol jonché de pierres et sa longue djellaba. On devine immédiatement qu’il veut nous demander quelques dirhams pour ces photos volées. On ignore le moulinet de ses bras et ses vociférations, hop en selle, fouette cocher, on échappe à l’obole.

Une pause-café s’impose. Une casemate en terre, trois chaises dépareillées et une table branlante nous accueillent sur le bord de la route. Café serré mais très bon. Un vieil homme souriant s’installe à notre table. Il parle un français parfait et nous nous lançons dans une causette philosophique avec cet homme qui a un regard objectif et fataliste sur les changements de vie et de mentalités de son pays qu’il observe du haut de son grand âge. Il nous réconcilie avec le peuple marocain car il n’a pas essayé de nous vendre un truc. C’était une conversation gratuite et sans enjeu mercantile. Ca fait du bien.

Nous sommes maintenant dans la vallée du Drâa.

La ville d’Agdz est très animée, et notre allure est ralentie par une circulation dense aux abords du marché. Un marocain en profite pour nous aborder en nous demandant si on peut l’aider à comprendre la posologie d’un antibiotique… Et moi, n’écoutant que la voix de mes connaissances en antibiothérapie, je vole à son secours. Il me conduit directement dans sa boutique et poursuit son histoire d’antibio bien rodée. Il s’appelle Ali, il a moins de 40 ans, mais comme tous les marocains, la vie au soleil burine le teint et y imprime de profondes rides qui lui donnent quelques années de plus. Dans la boutique il y aussi son père, un vieux monsieur discret qui parle peu français et Hassan, très sympa. Nous passons une bonne partie de l’après-midi à discuter très amicalement de voyage, de moto, de la vie, de leur vie.

Ali a quand même réussi à me vendre un bracelet berbère.

Comme nous décidons de repartir, il nous propose de passer la nuit chez lui et téléphone à sa mère pour qu’elle prépare le tajine. Nous proposons d’acheter quelque chose à manger, mais en riant il nous suggère d’acheter plutôt de la bière et du vin, histoire de se “bronzer la tête”.

Ali a ses petits arrangements personnels avec la religion musulmane...

Il enfourche sa mob hors d’âge, et nous pilote jusqu’à une épicerie où nous trouvons les breuvages tant convoités. Il faut dire que c’est notre première goutte d’alcool depuis le début du voyage. Ensuite il sort de la ville fait deux ou trois kilomètres, gare la mob à l’écart de la route et glou et glou et glou , on siffle les bières. Une bonne descente, Ali !

On comprend alors pourquoi il y a tant de verre cassé dans les bas-côté de la route.  

Nous arrivons chez lui et garons la moto dans le patio. Il nous installe dans une salle qui sert de salon de réception. Dans le plus pur style marocain, la pièce est recouverte de tapis et des banquettes à l’assise un peu raide garnies de gros coussins occupent tout le tour de la pièce. En allant nous laver les mains, nous passons devant une autre pièce qui semble être la place des femmes. La mère et les deux soeurs d’Ali mangent et regardent la télé. La cuisine est spartiate et les toilettes sont encore plus surprenantes. Toilettes à la turque. Pas de chasse d’eau, un robinet pour remplir un petit seau, je constate avec soulagement qu'il y a du papier toilette, seule petite concession à la modernité.

Nous dînons dans le salon, servis comme des pachas par la soeur d’Ali qui s’efface sans un mot sitôt les plats déposés.

Les banquettes nous serviront de lit, et nous passons la nuit ensevelis sous de lourdes couvertures car il n’y a pas de chauffage et la porte, même fermée, laisse passer un courant d’air glacial venu du patio.

Au matin, Yasmine la soeur d’Ali nous sert un copieux petit déjeuner fait de batbout, pain marocain, de msemen, sorte de crêpe feuilletée, d’huile d’olive, de miel et de confiture.

Timidement elle accepte d’être prise en photo avec la moto, on aperçoit la maman dans l’encadrure de la porte cachant son timide sourire derrière son voile.
Nous passons prendre congé d’Ali à son magasin et le remercions pour cette soirée improvisée, conscients d’avoir vécu un moment privilégié.

La route est jolie.
Palmeraies, villages en pisé, route en lacets, gorges arides. Le ciel s’éclaircit, les contrastes s’accentuent, les terres rouges se découpent sur l’azur. On aperçoit au loin une maison au bout d’une piste, peut être celle de l’homme qui gardait son troupeau de chèvres le long de la route. Nous sommes entourés de collines arrondies aux pentes veloutées. Une végétation rase et quelques oasis rompent la minéralité du paysage. On voit un peu partout des petits monticules de pierres. Certains sont peints en blanc, d’autres sont groupés, d’autres encore semblent baliser une zone mais on ne saisi pas vraiment leur utilité.

Nous nous arrêtons à Taznakhte (prononcer tzanarte) ville réputée pour ses ateliers de tissage de tapis berbères.

Il y a de très belles pièces, qui représentent parfois plusieurs mois de travail. Les prix sont très abordables et j’ai bien du mal à résister.
C'est jour de marché et la rue est une source inépuisable d’étonnement. Moutons attachés sur les galeries de vieux vans, hommes en djellaba se tenant par la main, étalage au sol de tout un tas d’objets hétéroclites au milieu des fumées de cuisson des tajines et de brochettes se mêlant aux odeurs d’encens.

Avant d’aborder le col du Tizi n’Test, nous passons la nuit à Taliouine au coeur de la région du précieux safran.

Mieux vaut l’acheter dans les petits magasins qu’à la coopérative, car le gramme y est deux fois plus cher.

En fin de journée nous voyons arriver une bande de motards français exténués qui voyagent par les pistes. Leur guide, qui n’a pas mis ses roues au Maroc depuis trois ans, leur sert un road book obsolète et leur fait prendre les oueds pour de la piste roulante… Bon courage les gars.

Nous dînons en compagnie de deux couples de français retraités vivant la moitié de l’année à Marrakech et l’autre moitié au Pays Basque, pour l’un et à Angoulême pour l’autre.  Les basques ont travaillé dix ans au Maroc, l’occasion d’en apprendre un peu plus sur les us et coutumes de ce pays haut en couleurs.
La nuit tombe vite sur Taliouine, les collines s’habillent de rose et de mauve tandis qu’au loin, du haut du minaret, le muezzin appelle les fidèles à la prière.

Dernier jour de route. Pour un final en beauté.

Le Tizi N’ Test col du Haut Atlas à 2100m.

La route a été ouverte en 1924, et je me demande si certains tronçons ne sont pas d’origine !
Les premiers kilomètres sont spectaculaires, roches aux mille couleurs, de pain brûlé, d’ocre et de vert de gris. De très vieux arganiers aux troncs torturés, ombres fantomatiques, émergent des brumes effilochées. Le ciel est bas et le brouillard nous enveloppe dans ses voiles humides et glacés. La route serpentant à flanc de montagne est complètement défoncée, bordée d’un muret de pierres éboulées. La brume épaisse masque l'à pic vertigineux, et ce n’est pas plus mal !

On fait une pause dans un petit café en plein virage avec une terrasse qui surplombe la vallée noyée de brume. Hamed est le propriétaire des lieux. Il nous prépare un thé à la menthe servi avec des gâteaux au miel et aux épices faits maison. Un bon feu dans la cheminée, on pourrait y passer le temps nécessaire à voir revenir le soleil.

Nous sommes dans les nuages, la visibilité est nulle, quelques mètres à peine, et il faudrait monter beaucoup plus haut pour voir un peu de ciel bleu. Dommage !

On progresse lentement, pour éviter d’être surpris par un véhicule venant en sens inverse. Mais il semble que nous soyons seuls au monde sur cette route en décrépitude.

Oh miracle le col est dégagé dans la descente vers la vallée opposée. On gagne de précieux degrés et le soleil nous accompagne à nouveau.

Notre périple touche à sa fin, chaque kilomètre nous ramène à Marrakech.

Bien avant d’en reconnaître les faubourgs, les chantiers de constructions jalonnent la route principale. Les friches sont entourées de murs et délimitent les futures résidences haut de gamme, golf ou resort.
Marrakech n’en finit pas de dévorer le désert.

Il nous reste à restituer la moto, réserver un taxi qui voudra bien nous prendre à 5h du matin et nous déposer à l’aéroport.

En attendant, nous profitons une dernière fois des clameurs et de l’agitation de la place Jemaa El Fna.
L’avion décolle, l'aube se lève sur un pays qui nous a  touché au coeur.

Retrouvez la première partie de ce roadtrip au Maroc ici.

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