Il est indéniable que l’Espagne et un pays qui se prête particulièrement aux voyages à moto. Pourtant les motards qui plébiscitent cette destination ont tendance à filer vers le sud ou la côte méditerranéenne. Certes il est facile de rêver des paysages et des villes d’art Andalouse ou des plages de la Costa Brava. Cependant, le nord de l’Espagne, à travers ses régions côtières de Cantabrie, d’Euskadie, des Asturies et de la Galice regorge de pépites trop méconnues.
Pas simple de vous en faire faire le tour en un article mais nous vous proposons de vous mettre l’eau à la bouche avec la découverte des plus belles routes à moto des Asturies et des Picos de Europa.
La région des Asturies jouissant d’un statut autonome est située entre la Cantabrie, la Galice et la Castille et Leon au sud, elle présente un relief montagneux car elle comprend une partie du massif des Picos de Europa et une côte déchiquetée qui présente plus de similitude avec la Bretagne plutôt qu’à la Costa Blanca. Rien d’étonnant à cela car cette région et la Galice sont de culture celte.
Sa capitale, Oviedo est une ville à taille humaine avec ses 212 000 habitants et ses villes les plus importantes sont Gijon sur la côte et Aviles.
Nous installons notre base dans un village au pied du parc national des Picos d’Europe à Cangas de Onis. C’est un village sans charme particulier, à part un joli pont médiéval et quelques bâtiments historique mais surtout qui offre tous les services nécessaires et une situation centrale pour aller explorer à la fois la côte et l’intérieur des terres.
La météo s’annonce belle mais une brume épaisse enveloppe encore les cimes et un brouillard nous prive du paysage. Nous quittons Cangas vers le nord pour rejoindre la côte par la route AS 260. La route serpente et s’élève au-dessus de la brume pour nous mener au mirador del Fito à 629 m. De là le point de vue sur les Picos et la mer est saisissant. Un escalier et une plateforme en béton offrent un promontoire panoramique original.
Le brouillard au fond des vallées sublime le paysage.
Nous rejoignons la côte à Colunga pour nous diriger vers Llastres, un des villages classés «Plus beau village d’Espagne», situé sur la mer cantabrique et la Costa Verde. Comme son nom l’indique la Costa Verde n’est pas verte pour rien, ici il pleut souvent. Llastres est un charmant petit port de pêche. Le village est perché au-dessus de la mer et il est plaisant de se perdre dans ses nombreuses ruelles.
Nous en profitons pour prendre une pause-café en bord de mer. Il ne faut pas manquer le mirador de San Roque qui embrasse tout le village et les montagnes au loin.
On nous signale qu’un autre village un peu plus à l’ouest vaut également le détour : il s’agit du petit port de Tazones. Ni une ni deux nous nous mettons en route pour ce village à quelques encablures de là. Plus petit que Llastres, il a plus de charme. On y trouve beaucoup de restaurants servant des spécialités à base de poissons et de fruits de mer. Il est également connu pour être le lieu ou débarqua Charles Quint arrivant des Flandres en 1517 ; à l’époque où les Province Unies et l’Espagne ne faisaient qu’un empire.
Nous reprenons les motos en direction de Ribadesella par la N632, cette route qui longe la côte d’est en ouest et suit pour la majeure partie le chemin de Compostelle sur sa partie Norte. Ribadesella est une station balnéaire situé sur le rio Sella. On pose les machines pour marcher jusqu'au bout de la péninsule qui ferme la jetée. L’ermite de la virgen de Guia qui domine la baie rappelle les phares bretons balayés par les vents.
Un ami nous a parlé d’un village dont l’accès unique se fait par une grotte routière. Voilà une curiosité que nous ne pouvons manquer dans notre quête permanente de lieux insolites. La Cuevona de Cuevas est une grotte naturelle de 300 mètres de long creusé par l’eau qui permet l’accès au village de Cuevas, qui est ornée de stalactites et traversée par une rivière. L’ambiance est magique et la lumière des phares des motos éclaire les parois qui révèle leur relief dans une ambiance fantomatique.
Nous repassons par Ribadesella pour suivre la côte vers l’est pour voir les Bufones de Pria dans le petit village du même nom. Il s’agit de failles géologiques dans les falaises de la côte qui laisse entrer la mer par grand vent dans des vrombissements terribles et provoque des geysers d’eau de mer de plusieurs mètres de haut.
La mer n’est malheureusement pas assez forte et le vent trop faible pour pouvoir assister au spectacle, mais rien que le bruit des vagues frappant la falaise fait résonner et gronder la mer dans les puits. Cela donne une idée de la puissance du phénomène par gros temps. Attention toutefois car le terrain est très instable avec les rochers acérés et les trous ne sont pas signalés ni protégés. Il arrive que des promeneurs imprudents tombent dedans et restent bloqués…et meurent…
A côté se trouve la magnifique plage intérieure de Guadamia dans une crique sur l’estuaire de la rivière Aguadamia. Un petit paradis pas trop fréquenté pour y faire trempette…
Il nous faut rejoindre Cangas de Onis par la route AS 340 pour pouvoir faire un petit détour par la basilique de Covadonga. Il est très agréable de noter que toutes les routes principales et secondaires qui sillonnent le massif des Picos de Europa sont en très bon état. Les motos s’en donnent à cœur joie. Quel que soit votre modèle ou genre de moto vous n'aurez aucune difficulté pour rouler dans ces régions. Prenez garde aux nombreux animaux qui déambulent joyeusement en toute liberté sur les routes (vaches, moutons, chevaux etc) et aussi à leur cacas en plein milieu des virages.. sic !
On voit également que de nombreuses possibilités de hors-pistes s’offrent aux amateurs de tout terrain et gros trails ; Je crois d’ailleurs qu’une portion de la TET passe dans le coin. A faire lors d’un prochain voyage…. Avant de rejoindre nous prenons la route qui mène vers la basilique du Covadonga ainsi que les lacs et sommets des Picos.
Il faut 12 km pour rejoindre le sanctuaire de Covadonga. C’est un lieu de pelerinage important en Espagne car on y célèbre également le culte de Don Pelayo qui battit les musulmans au 8ème siècle ce qui en fit un des éléments fondateurs de l’Espagne actuelle.
On peut y voir une grotte à la vierge d’où une cascade tombe dans un petit bassin en contrebas mais aussi une imposante basilique néo-romane du 19ème.
A partir de là on peut atteindre les lacs de Covadonga et la haute montagne pour la randonnée. Mais la route qui continue à partir du sanctuaire est payante et accessible uniquement par transport en commun en été. En dehors des périodes estivales on peut y accéder avec son propre véhicule.
Plus que quelques kilomètres de descente que nos machines avalent bien vite pour rejoindre Cangas. Dans cette vallée on peut admirer de nombreux horreos. Ces bâtiments, si typiques des Asturies, montés sur pilotis, sont en fait des greniers utilisés pour le stockage et le séchage des céréales ou des légumes.
Une petite pause en terrasse avant de rejoindre notre hôtel pour profiter encore de la lumière couchante du jour. Ici point de sangria, la boisson régionale c’est le cidre. On trouve partout de nombreuses cidreries artisanales. C’est également tout un art pour le boire puisqu’on le verse le bras droit levé et le bras gauche en bas pour faire mousser et aérer le cidre. On y retrouve ici encore beaucoup de similitudes avec les cutures celtiques. Notre hôtel nous offre un magnifique panorama sur les sommets des Picos pour cette fin de journée et son coucher de soleil Nous clôturons cette belle journée avec une succulent diner de spécialité Asturiennes avec un Fabada, qui ressemble un peu à notre cassoulet avec un assortiment de viandes, boudin et chorizo et un bouillon avec des fèves. Un régal qui vous cale pour la soirée… Demain nous prenons la route vers le sud des Picos pour rejoindre l’autre versant en direction de la Cantabrie. Mais ça c’est un autre voyage….
Cette magnifique région peut être découverte dans notre circuit Asturies & Picos europa en formule guidée ou liberté.