Bon nombre de nos expéditions vers le sud ou l’ouest de l’Espagne, nous ont conduit à travers l’immense région de Castille et Léon ; celle-ci compte une quantité impressionnante de richesses culturelles et patrimoniales de l’Espagne et particulièrement dans la province de Burgos.
Située au nord de la Castille et Leon, coincée entre la Cantabrie et la Rioja, cette province dont la capitale est Burgos se trouve à un carrefour géographique incontournable pour quiconque se rend à l’ouest de du pays ou vers le Portugal. La région regorge de villages classés et de monuments historiques et reste assez peu fréquentée par le tourisme de masse, les touristes préférant continuer vers le sud.
Cette fois ci nous avons décidé de laisser nos motos explorer cette contrée et de différer de quelques jours notre retour vers la France. Nous venons de quitter les magnifiques montagnes des Picos de Europa et faisons étape à Reinosa, une petite ville, porte d’entrée des Picos, au pieds des montagnes et près de laquelle l’Ebre, l’un des plus grand fleuves d’Espagne, prend sa source.
Nous quittons la ville en longeant un lac formé par un barrage sur le fleuve. L’eau tantôt verte tantôt bleu turquoise vient se mélanger avec l’eau ocre du fleuve dans un mélange de teintes marbrées. Cela fait suite aux nombreuses précipitations tombées sur les Picos durant ces derniers jours rappelant que l’automne est là. Puis nous prenons vers Burgos sur la N263 mais bifurquons rapidement pour visiter un village qu’on nous a recommandé dans celle vallée de l’Ebre : Orbaneja del Castillo. C’est un charmant village perché, traversé par une rivière qui nait d’une grotte en plein milieu du village et s’en échappe par une série de cascades cristallines pour finir en piscines naturelles turquoise qui invite à la baignade. La saison est fraiche et nous abandonnons l’idée de trempette, mais plutôt d’en arpenter les ruelles escarpées de ce village labellisé « plus beau village d’Espagne ».
A cette époque de l’année peu de personnes y résident et l’on visite un village bien mort en cette matinée d’octobre. Tous les commerces sont fermés. Pas même de quoi prendre un café. Tant pis on verra pour le prochain arrêt.
A la sortie du village se dévoile un trou dans la falaise face au village qui reproduit avec perfection la carte de l’Afrique. Magie de la nature….
Nous reprenons la N623 en sens inverse en direction de Soncillo pour y voir une curiosité géographique dans le village de Puentedey. Ici la rivière Nela a creusé un pont naturel formant une arche de plus de 15 m de haut sur laquelle le village est perché. Malheureusement pour nous, un paysan a décidé de faire ses brulis à ce moment et le bourg et son arche sont envahis par une fumée blanche épaisse. Un petit tour à moto dans ses ruelles étroites et pavées et nous continuons dans cette vallée encaissée.
Nous traversons Medina de Tomar et son centre médiéval dominé par son imposant château du 14ème, l’Alcazar de Velasco. Il reste encore quelques kilomètres à avaler pour nos motos pour rejoindre Frias notre objectif du jour où nous avons prévu de faire étape.
En traversant Pedrosa de Tobalina mon regard est attiré par un panneau «cascada». Demi-tour et quelques mètres à faire à pied pour admirer une magnifique cascade sur la rivière. Il s’agit plutôt d’une chûte qui forme un grand bassin où il doit être bien agréable de se baigner. Encore une occasion manquée en cette saison…
La vallée de la Tobalina nous mène vers Frias par une très belle route sinueuse à travers les collines. Les villages sont minuscules et la campagne est ponctuée de fermes anciennes dont certaines semblent abandonnées. Beaucoup ont été rénovées et reconverties en hébergement rural pour les citadins en mal de nature.
Frias apparait fièrement au loin et la silhouette écorchée de son château nous guide vers lui. Nous nous arrêtons en bas du village pour voir un pont romain qui enjambe l’Ebre que nous suivons sans répit depuis notre départ. Une tour défensive en son milieu servait à collecter l’impôt pour tous ceux qui le franchissait.
L’avantage de visiter Frias et sa région en cette saison, c’est qu’il est très facile de se garer surtout avec des motos et que l’on peut accéder partout et que nous sommes les seuls à nous promener aux alentours.
Ce village médiéval, également classé «Pueblos Mas bonitos de Espana» regorge de monuments et de maisons médiévales et l’on accède par ses ruelles à l’éperon rocheux sur lequel trône la tour du château des ducs de Frias dont subsiste l’énorme donjon du 15ème.
Du haut du village la vue sur les plaines alentours est magnifique.
A la sortie du village dans le virage qui descend vers Tobera, il y a un promontoire rocheux qui permet une vue panoramique sur le village qui le fait ressembler à un navire dont le château serait la proue. Attention pas de place pour garer les motos en sécurité car le point de vue est en plein virage et les locaux l’enquillent très fort.
La soirée tombe vite à cette époque de l’année et il nous faut vite trouver gîte et couvert. Malheureusement tout semble fermé et c’est par chance que nous trouvons un petit hôtel rural à Tobera avant que ne s’abatte un déluge. Ouvert depuis quelques mois, ses propriétaires ne sont pas encore très au point mais toute la famille y met du sien avec plus ou moins de succès. Mais cela reste tout à fait acceptable au vu de nos standards habituels de voyage. Du coup nous sommes les seuls à dormir et à manger…Son jeune propriétaire est avide de conseils et d’informations pour visiter la région et nous conseille les villages à ne pas manquer.
Nous sommes maintenant dans la vallée de Tobera et d’ailleurs notre premier arrêt sera pour le village du même nom. Sur la route qui contourne le village par le haut se trouve un ermitage dans un étroit canyon : Santa María de la Hoz et celui du Cristo de los Remedios tous deux du 13ème et agrémenté d’un petit pont romain sur la rivière Molinar. Un bel endroit bucolique flanqué à la falaise et dont quelques chèvres sauvages ont fait leur quartier général.
La rivière file ensuite en une multitude cascade vers le bas du village de Tobera. On peut suivre un chemin qui offre de joli point de vue sur le village et les cascades et finit au cœur du village.
Mais il est temps de remonter en selle vers le sud, non sans faire un détour par Ona. On peut y voir un important monastère du 11ème.
Le prix d’entrée est très raisonnable par rapport à la beauté intérieure du monument. Nous profitons de voir enfin un bar ouvert en face du monastère pour y prendre un café bien mérité.
Plutôt que de prendre la route la plus rectiligne et rapide pour Burgos, nous bifurquons vers l’ouest pour passer par Poza de la Sal. C’est un magnifique village médiéval classé qui mérite de poser les motos quelques temps pour déambuler dans ses ruelles étroites et pentues. Ceint par des portes fortifiées, le village à fait sa fortune au moyen-âge par l’extraction du sel de ses mines. On y trouve aussi des bassins ou lavoirs d’origine romaine alimenté par un petit aqueduc.
Dès la sortie du village la route s’élève en une série de virage en épingles qui montent vers le château de la Rojas reconstruit partiellement au 16ème. De là on jouit d’un extraordinaire panorama sur le village et les montagnes. La route s’élève encore pour atteindre le sommet du plateau qui domine la vallée au mirador de la Bureba. Le ciel se couvre et le vent souffle. Rien d’étonnant à ce que l’endroit ait été choisi pour y installer un parc éolien qui s’étale à l’horizon donnant à l’endroit un air surréaliste de fin du monde.
Plus qu’une quarantaine de kilomètres à avaler pour nos motos pour atteindre la ville de Burgos. L’arrivée sur la ville est assez bizarre car celle-ci est cernée d’autoroutes toutes neuves dans tous les sens qui ceinture la ville au loin et le trafic sur ces 4 voies est loin d’être surchargé. Nous rentrons enfin dans les faubourgs de la ville et prenons quartier dans un hôtel près du centre historique. Nous avons tout l’après-midi devant nous pour visiter cette importante ville espagnole située sur le chemin de Compostelle et qui comporte de nombreux vestiges de l’époque médiévale dont la célèbre cathédrale classée au patrimoine mondial, où se trouve le tombeau du Cid. En dehors d’être un célèbre ouvrage de Corneille le Cid est un personnage important de l’histoire espagnole. Ce guerrier né près de Burgos fut un acteur majeur de la Reconquista lorsque l’Espagne regagnait les territoires perdus face aux musulmans. C’est une figure locale célébrée dans toute la région.
Nous délaissons les motos pour arpenter la ville à pied et pénétrons par la porte de l’arche Santa Maria.
La ville est vivante et cela nous change un peu de la quiétude de ces derniers jours dans les villages reculés de la province.
Nous montons jusqu’au vestiges du château de Burgos qui domine la ville et offre le meilleur point de vue sur la cathédrale. Nous arrivons pile au moment où démarre une visite guidée gratuite à laquelle nous participons avec plaisir pour découvrir les tunnels et puits creusés à la main.
La soirée arrive et la vie nocturne s’organise autour des nombreux bars à tapas et restaurants de la vieille ville. Nous prenons l’apéritif dans un petit bar tenue par une brésilienne qui nous vante les mérites de sa caïpirinha maison dont on ne sera pas déçu. Nous revenons à la nuit par le fleuve Duero vers notre hôtel avec l’envie de revenir explorer plus encore les nombreuses richesses de cette province décidemment bien attachante.
Si vous souhaitez découvrir cette région vous pouvez le faire à travers notre voyage moto groupe dans les Asturies & Picos de Europa.