Fort de nos voyages motos à Gran Canaria et Tenerife depuis 2014, nous avons décidé d’explorer deux autres iles de l’archipel en vue d’y proposer de nouveau roadtrip à moto : Lanzarote et Fuerteventura.
Après 3 heures de vol nous arrivons à Arrecife où, dès la sortie de l’aérogare, nous attendent nos montures pour cette édition «Canaries en moto v2.0». Cette année Carole aura droit à une Suzuki 250 Inazuma, introuvable en France, et moi à une Honda 500 CBX. Nous avions trouvé un hébergement au nord de l’ile, loin des grands centre hôteliers comme Costa Teguise, Puerto del Carmen ou Playa Blanca. Nous sommes heureux de découvrir notre petit paradis pour 3 jours. Certes le confort et l’espace sont limités mais tout est vite effacé par la vue directe sur la mer et son coucher de soleil.
Notre première journée sera consacrée au marché de Téguise, le plus important de l’ile se tient tous les dimanches dans l’ancienne capitale. La ville possède les plus beaux ensembles historiques et architecturaux de Lanzarote et il est très agréable d’y déambuler. On en profite pour y faire quelques emplettes pour les cadeaux de Noël.
De nombreux sites de l’ile sont regroupés sur un laissez-passer unique, assez cher, mais toujours plus intéressant qu’à l’unité. Une semaine permet largement la visite de tous les sites et villages car Lanzarote est relativement petite (60 km dans sa plus grande longueur) par rapport à ses consoeurs de Tenerife et Gran Canaria.
Nous décidons de visiter tous les sites proposés car si l’on se contente juste de rouler le nez au vent nous aurons fait le tour de l’ile en deux jours. Nous commençons par le Jameo del Agua, cet ensemble de grottes issu d’un conduit volcanique. Aménagé par le célèbre artiste César Manrique, ce complexe architectural se fond dans un décor naturel d’une très belle manière. Un lieu emprunt de magie et de beauté où l’on se verrait bien séjourner.
A quelques kilomètres de là se trouve le mirador Del Rio à la pointe nord de l’ile qui permet d’embrasser l’isla Graciosa, une ile sans véhicule où il possible d’aller seulement à pied ou en vélo.
Les petites routes du nord de l’ile serpentent entre vignobles et vergers disséminés dans de petits cratères creusés dans la poussière de lave qui rend le terrain fertile. Il n’y a pas de trafic et la côte reste toujours visible depuis les hauteurs de l’ile.
L’ile de Lanzarote a été classée en 1993 réserve biosphère Unesco et le principal site classé est celui du parc national de Timanfaya au sud de l’ile. Il s’agit d’un ensemble unique de volcan qui malheureusement ne peut pas se visiter autrement qu’en bus bondé de touristes et à un rythme qui ne permet pas vraiment d’en profiter sereinement. Un contraste avec le calme qui règne au nord de l’ile. Cela dit le paysage lunaire reste impressionnant et un garde du parc fait le show en embrasant des brindilles en les plongeant au cœur d’un trou fumant. Les grillades du restaurant sont d’ailleurs cuites par un puit de chaleur émanant directement du volcan.
Après une pause-déjeuner à Haria ou nous découvrons une crèche reproduisant l’ile et ses sites et monuments ; un chef d’oeuvre pour tout adulte qui redevient ici un enfant pour quelques instants. nous reprenons les motos en direction du village côtier d’El Golfo à l’ouest de l’ile. Sur place on peut admirer un petit lac vert coincé entre la mer et la falaise dont les couleurs jurent avec la roche et le bleu de l’eau. Un beau tableau de couleur…
La route qui descend au sud conduit nos motos vers le site de Los Hervidieros, un ensemble de falaise de roches de lave poreuses sculptées par la mer et ses intenses vagues déferlantes. Un dernier arrêt au salinas de Janebio, un immense bassin de marais salants, encore en activité avant de regagner notre petit nid pour un coucher de soleil et un diner de tapas fait maison.
Bon il nous faut amortir notre pass et nous partons découvrir la grotte de la Cueva de las Verdes. Une coulée de lave souterraine qui a forgée un couloir de plusieurs centaines de mètres ici pas de stalagtites ni stalagmites mais des blocs de lave. C’est intéressant mais pas renversant surtout quand on a déjà visité les grottes de Pech Merle ou de l’Aven Armand en France. A classer dans les «à faire si on a le temps».
Puis nous consacrons un peu de temps a Teguise qu’il est surprenant de voir désert aujourd’hui alors que dimanche la ville grouillait de monde et de chalands en tout genre. A la sortie de Teguise nous marquons un arrêt devant ce qui semble être la maison d’un artiste mais ressemble plus à un énorme bric à brac d’objet en tout genre, détournés puis assemblés. Un dépotoir artistique original somme toute.
La route mène nos motos vers la baie de Famara, un spot peu fréquenté et balayé par les vents et les courants qui en font un endroit privilégié pour le surf et le kite. Tout le village vit autour du surf et de sa culture, un lieu pour les touristes aux pieds nus en quête d’ambiance baba cool.
La Honda se révèle idéale pour le relief et les routes de l’ile, la position est bonne et les commandes tombent bien sous la main et le moteur même s’il manque un peu de coffre, reste suffisant pour les petites routes locales et le relie de l’ile.
Nous quittons provisoirement Lanzarote pour visiter sa voisine Fuerteventura. Nous avalons les 50 km de 4 voies qui mènent au terminal ferry de Playa Blanca. Les quelques km qui séparent les deux iles sont avalés en 25 minutes et nous débarquons à Corralejo que nous quittons en longeant le parc naturel du même nom. Une vaste étendue de dunes désertiques coincées entre la mer et la montagne. Contrairement à sa voisine volcanique, Lanzarote, Fuerteventura se veut plus rurale et renommée pour ses superbes plages de sable blanc plus propices aux activités balnéaires.
Nous nous enfonçons dans les terres et vers les sommets ; le paysage qui devient aride est parsemé de collines dont la végétation lui confère un aspect de velours. Nous avons décidé de faire étape à Betancuria , l’ancienne capitale de l’ile.
Avant de l’atteindre nos faisons un arrêt au panorama du mirador Morro Velosa. Betancuria est un village plein de charme loin des foules touristiques. Le problème des iles Canaries et de leur nombreuses stations balnéaires, usines à touristes, est que l’offre hôtelière se trouve limité et rare dans le reste des iles. Il vaut mieux s’enquérir des possibilités d’hébergement avant d’arriver dans un village. Nous sommes pratiquement les seuls hôtes dans cette auberge historique au sommet du village. Pas de télévision et un repas dans une salle de restaurant antique reconstituée avec des objets d’autrefois. Un bon endroit pour y faire une retraite.
Il nous reste maintenant à explorer toutes la partie sud de l’ile. Nous quittons notre village au petit matin sous une lumière rasante qui rend le relief magnifique. La route serpente le long de la crête centrale de l’ile, offrant des points du vue de toute beauté. Nous prenons une petite route qui descend vers le petit village d’Ajy et sa plage de lave noire. La côte est balayée par le vent violent qui s’est levé dans la matinée et l’écume des vagues qui se fracassent sur les falaises est un spectacle captivant.
Nous atteignons le sud de l’ile mais il ne s’agit là que d’un ensemble de plages dévouées aux sports extrêmes et de stations balnéaires plus impersonnelles les unes que les autres. Nous n’aurons pas le courage d’aller jusqu’à la péninsule de Jandia, connu pour ses plages sauvages car il s’agit d’une piste et notre contrat de location nous interdit de mettre les roues hors bitume.
Nous nous consolons par un détour vers le village de Las Playitas, un petit bourg en bord de mer plein de charme et connu pour son phare qui domine la falaise voisine. Un panorama qui fait penser à la Bretagne. Puis nous regagnons notre nid d’aigle en passant par la route de Tuineje et d’Antigua qui chemine entre des exploitations agricoles et nous permet d’admirer les célèbres moulins à vent si caractéristiques de Fuerteventura.
La pluie est tombée une bonne partie de la nuit et le ciel reste menaçant. Nous rejoignons le nord de l’ile et la ville de Corralejo car la météo ne nous incite guère à faire beaucoup de moto aujourd’hui. Nous faisons quand même un détour par le village côtier d’El Cotillo pour une pause-café. Le ciel offre des contrastes de lumière entre deux averses qui sont de toute beauté.
Nous trouvons un hébergement dans un village de vacances où nous faisons tache avec nos tenues de motos. Nous laissons donc une après-midi de repos à nos montures pour aller se promener sur le front de mer de la ville entre deux ondées et sous des bourrasques de vent qui font le bonheur des surfeurs et véliplanchistes.
Le contraste entre le reste de l’ile et la concentration de clubs de vacances et boutiques à babioles en tous genres est saisissant. Pas un endroit pour nous. On remonte en selle avec plaisir mais la météo n’en est pas pour autant plus clémente avec nous. La traversée en ferry sera mouvementée et les creux des vagues me scotchent à mon fauteuil.
Nous espérons que les nuages se cantonneront à Fuerteventura et nous épargnerons leurs gouttes sur Lanzarote mais nous trainons les nuées d’eau derrière ou devant nous et devons jouer à cache- cache avec ces orages courts mais intenses.
Nous décidons de nous installer pour la fin du séjour dans une chambre d’hôte près de Costa Teguise, mais la ville n’a aucun charme, comparé à notre gite du village de Playa Mujeres. Costa Teguise est une concentration de complexe hôtelier et de bars pubs qui diffusent en continu les matchs du championnat de foot anglais. On dirait une annexe de Birmingham ou Leeds mais avec le soleil en plus.
Nous passons nos deux dernières journées de route à sillonner les quelques routes sur lesquelles nous n’avions pas encore posé nos roues. Nous prenons la route de la vallée de la Geria, la région viticole de l’ile où se cultive un cépage qui produit un vin. La route est bordée par des bodegas qui offrent toutes des dégustations. Les pieds de vignes sont installés dans la cendre de lave et des pieds de vignes y poussent en rampant. C’est un bon vin mais vu le prix….Puis à un carrefour surgit une gigantesque statue blanche : le Monumento Al Campesino, une œuvre à la mémoire des paysans. Une des œuvres de Manrique dont l’ile est parsemée. D’ailleurs il ne faut pas manquer sa fondation à Tahiche.
En ce dimanche il ne nous reste plus qu’à visiter la capitale, Arrecife. Même si la ville n’a pas le charme du reste de l’ile, il reste plaisant de s’y promener sur son front de mer piéton et vers le fort isolé dans la baie. Nous finissons la journée par la visite d’un musée de l’aloe vera dont l’ile se fait la spécialiste. Cette plante dont les feuilles donnent une gélatine aux vertus hydratantes est une des principales productions agricole de l’ile.
Nous quittons Lanzarote encore une fois sous le charme de ce petit paradis à quelques heures de Paris qui se prête à merveille au tourisme à moto. L’ile dispose de plusieurs agences de location de motos de toutes cylindrés ou de scooters. Beaucoup d’entre eux interdisent la sortie de l’ile avec la moto et si vous le faites c’est à vos risques et périls en cas de problèmes. Il est recommandé de porter son choix sur une moyenne cylindrée.
