Dans les profondeurs de la vallée du Tarn, entouré par de magnifiques paysages de gorges, ce village médiéval est une sorte de légende, comme nous le découvrons à chacun des voyages moto de Ride in Tours dans les Cévennes.
Le village énigmatique de Sainte-Enimie a enflammé mon imagination dès le premier aperçu de ses toits tachetés, à moitié cachés dans les plis des Gorges du Tarn en contrebas et baignés par le soleil brumeux d'un après-midi de mai. En m'approchant du haut du plateau ou plutôt du Causse comme on l’appelle dans la région, je me demandais si le soleil pouvait faire disparaître complètement le village alors que celui-ci se couchait derrière la montagne, éteignant le mirage ténébreux avec ses rayons.
Heureusement, alors que ma moto avalait les épingles, je descendais en boucle, plongeant plus profondément dans les gorges, le mirage se transforma alors en véritables briques et pierres, et Sainte-Enimie se révéla dans la pâle lumière du crépuscule, assise bien ajustée au-dessus du bord du Tarn. Ce Plus Beau Village de France (un titre décerné pour sa beauté et son patrimoine exceptionnels) a grandi autour du monastère fondé par les moines bénédictins qui sont venus dans la région à la demande de l'évêque de Mende en 951 après JC. Le monastère, aujourd'hui une école, peut être vu au niveau supérieur du village, observant tranquillement l'agitation ci-dessous. Je suis entré à pied dans le bas du village par la Route de Mende, la rue pavée annonçant immédiatement un retour au Moyen Âge, et suis arrivé à l'église romane de Notre-Dame-du-Gourg qui occupe une grande partie de la Place de l 'Eglise, avec des maisons à colombages qui l'entourent de près.
Située juste à l'extérieur des remparts d'origine du vieux village fortifié, l'église date du 14ème siècle, avec les chapelles nord et sud ajoutées environ un siècle plus tard. Dans la chapelle nord, j'ai découvert la statue de sainte Anne tenant la Vierge Marie et Jésus, classée monument historique en 1908.
En sortant de l'église, j'ai continué jusqu'à la rue le Serre (qui signifie «crête»), l'artère principale qui mène au sommet du village, et le monastère. Ste-Enimie a grandi dans la prospérité grâce à la présence des moines et à sa situation le long d'une route ancestrale du bétail connue sous le nom de Route des bergers de l’Aubrac, qui a attiré les pèlerins et les commerçants. En regardant autour de moi au centre du vieux village, il était facile d'imaginer le brouhaha des marchés médiévaux, avec des noms de rues comme Place au Beurre, Place aux Oules et Halle au Blé indiquant où ils faisaient le commerce des produits laitiers, des poteries et céréales. Dans la Halle au Blé, presque cachée au coin d'un mur de pierre de la terrasse couverte d'un restaurant, deux pierres évidées sont les mesures originales pour cinq kilos de céréales. Apparemment, les quantités échangées n'ont jamais été importantes, car la plupart des acheteurs devaient transporter les provisions sur leur dos, ou sur celui de leur précieux âne, s'ils en avaient un!
En face de la place des mesures de céréales, je me suis arrêté un instant pour regarder à travers les restes des champs en terrasses sur le côté est du village. Connues sous le nom de bancels, ces terrasses aux murs de pierre ont permis de cultiver les pentes abruptes des gorges, notamment de cultiver des vignes, des amandiers (pour leur huile précieuse) et des plantes vivrières. L'architecture des bâtiments reflète également l'histoire éprouvante du village. Beaucoup de maisons ont une arcade à l'avant, connue sous le nom d'échoppe, qui agissait comme une sorte d'étal de marché intégré avec des volets qui pouvaient s'ouvrir sur la rue. Dans d'autres logements, une partie des étages supérieurs est construite au-dessus de la rue - servant de protection aux personnes qui vendent et échangent leurs marchandises en dessous. Le surplomb était également un moyen de gagner de l'espace supplémentaire à l'intérieur. J'ai également remarqué les pierres de couleur ocre pâle et éponge utilisées pour construire certaines maisons - on m'a dit plus tard que cette pierre d'argile poreuse était typique de la région et était un matériau de construction populaire en raison de son poids plus léger.
En été, de nombreuses boutiques artisanales ouvrent leurs portes aux touristes, poursuivant ainsi une riche histoire de commerce. En atteignant le sommet du village, le calme a cédé la place au bruit de cliquetis des élèves qui sortaient de l'école (l'ancien monastère) et j'ai imaginé les anciens moines pestant avec agacement dans leurs tombes voisines. Les jeunes ont pris la chemin de la maison le long du Chemin des Moines qui flanque le côté ouest du vieux village, sautant les marches bien usées creusées dans la roche menant à la route et à la rivière en dessous. C'était la route privilégiée des moines bénédictins au fil des ans, alors j'ai suivi leurs traces clairement marquées, bien que plus lentement que les adolescents plus avant.
Après une promenade à travers Sainte-Enimie, pourquoi ne pas reprendre les motos et parcourir les 5 km qui nous séparent de Saint-Chely-du-Tarn?
Un petit village étroitement coincé entre la falaise et la rivière, il a de jolies maisons en pierre dans un tourbillon de rues étroites, dont l'une mène à la petite chapelle de la Baume de Cenaret, construite dans le rocher en surplomb.
Si vous vous sentez toujours prêt pour plus d’aventures, continuez pendant neuf kilomètres jusqu'à La Malène.
A vingt kilomètres au sud-ouest de Sainte-Enimie le long du Tarn, vous arrivez au village de La Malène. Avant la construction de la route des gorges en 1905, les bateaux étaient le principal moyen de transport entre les villages rassemblés dans ses vallées. Pendant des décennies, La Malène a été le seul endroit où les quelques bateliers restants offraient aux touristes l'expérience de voyager le long des gorges de cette manière séculaire. À l'aide d'un bateau à fond plat pouvant accueillir de deux à six personnes, le batelier vous guide sur huit kilomètres de rivière jusqu'au Cirque des Baumes. Pour pimenter votre road trip moto dans les gorges du Tarn avec quelques sensations fortes, prenez la D43 et grimpez les épingles serrées qui montent sur le Causse. Arrivé presque en haut, un virage un peu plus large vous permettra de garer votre moto pour admirer la vue sur les gorges et le village de la Malène tout en bas. De là il ne vous restera que quelques kilomètres pour rejoindre le belvèdère du Roc des Hourtous pour vous pourrez prendre une pause café méritée.
Pour découvrir St Enimie, les gorges du Tarn et toutes les merveilles du Causses Méjean, nous vous proposons nos voyages Cévennes & Ardèche en formule groupe ou en formule liberté aux dates de votre choix.
Les bonnes adresses
Pour dormir : Pour éviter l’agitation qui règne en saison dans Ste Enimie nous vous recommandons de dormir à Caussignac, à quelques kilomètres sur le Causse Méjean dans un relais motards en pleine campagne dans un typique village cévenol. Nicole & Thierry vous recevront à l’Auberge de la Grive un Relais Motards. Savourez leur cuisine familiale et traditionnelle dont le célèbre agneau. Vous profiterez de la piscine. Parking privé pour vos motos avec outils et point d’eau.
Pour manger : Difficile de conseiller une bonne adresse sur le village tant il y a de restaurants pour touristes rivalisant d’un accueil mitigé en saison. Nous vous conseillons donc de reprendre la moto pour quelques kms et de déjeuner au restaurant du belvédère au Panorama du Roc de Hourtous. Autant les anciens propriétaires faisaient payer la vue mais les nouveaux (qui sont d’ailleurs des locaux) reçoivent tout le monde et vous pouvez même profiter de la vue gratuitement.
Pour visiter : La Fontaine de Burle: Les eaux magiques de cette source ont guéri la lèpre d'Enimie, la belle fille d'un roi mérovingien, qui s'est ensuite installé près des eaux, est devenue religieuse et a établi un couvent au 7ème siècle. Que la légende ait un fondement dans l'histoire (elle a été racontée dans un poème de troubadour médiéval), elle a été racontée à travers les âges avec bon effet, attirant les pèlerins et les premiers touristes dans les eaux curatives. La source de couleur turquoise, située à l'entrée du village par la route de Mende, à 27 mètres de profondeur de 30 mètres de diamètre et s'ouvre sur une galerie sous-marine qui se poursuit sous le Causse de Sauveterre.
Pour marcher : Hermitage et chapelle: Construit à flanc de falaise, juste en face du village se trouve l'ermitage semi-troglodyte et la chapelle, où, selon la légende, Sainte Enimie s'est retirée pour mourir. En partant de l'Hôtel de Paris, aujourd'hui fermé, face au pont, prenez la rue menant à la Route de Mende, traversez et prenez la route d'en face, avant de tourner à gauche derrière le grand bâtiment gris et de suivre le sentier en remontant la falaise. Un aller-retour d'environ 45 minutes, avec de belles vues sur Sainte-Enimie et les gorges.
