La Normandie ou la Bretagne font partie des régions moins fréquentées que les autres par les motards. Il est souvent invoqué une météo capricieuse et pluvieuse particulièrement sur la péninsule du Cotentin réputée être la partie recevant le plus de précipitations en France. C’est pourtant faux car la ville qui reçoit le plus d'eau par an est Biarritz au Pays Basque. Partons à moto à la découverte de la petite Irlande sur la pointe du Cotentin.
Notre point de départ sera Saint-Malo. Cette ville a une signification particulière pour nous car ce fut dans la citadelle que nous fîmes notre premier voyage à moto, en amoureux… Nous y sommes revenus de nombreuses fois depuis et apprécions la ville, son architecture et son ambiance. Nous prenons nos quartiers dans la citadelle à l’hôtel Quic en Groigne qui a l’avantage d’être un des rares hôtels intra-muros qui possède un parking moto. L’accueil y est très chaleureux et les chambres, certes petites, ont une décoration maritime pleine de charme. Nous aimons errer dans la citadelle et nous ne manquons jamais de prendre notre apéritif au café la Java dont le nom complet est : « Le Café du coin d'en bas de la rue du bout de la ville d'en face du port, La Java ».
Ce bistrot tenu par un patron atypique, est classé café historique et vaut vraiment le détour. Pour le touriste de base passez votre chemin car le lieu se veut authentique. La décoration insolite vous plongera dans les souvenirs de votre enfance.
St Malo mérite sans problème que vous y consacriez une journée complète pour en admirer tous les monuments. Vous pourrez faire le tour complet des remparts et découvrir l’histoire de cette cité d’explorateurs, de corsaires et de commerçants dont le célèbre Jacques Cartier, découvreur du Canada, ou bien encore le corsaire de Napoléon Ier, Surcouf.
Nous quittons St Malo par la route qui fait le tour de la péninsule par Cancale. Un lieu attire notre curiosité à Paramé. Nous en profitons pour aller voir les rochers sculptés de Rothéneuf. Il s’agit de sculptures faites dans les rochers face à la mer par l’abbé Fouré à la fin du 19ème. Ce sont des bas-reliefs et des figures érodées par le temps et les embruns mais encore très reconnaissables.
Nous traversons Cancale où une crevaison sur la BMW 650 GS de Carole nous immobilise quelques instants, le temps de réparer avec une mèche.
La côte, entre Cancale et Le Mont St Michel, est le siège de l’activité ostréicole du côté Cancale, tandis que les moules de bouchot, récemment classées AOP, occupent plutôt la partie est de la baie. Une bonne opportunité de dégustation…
Impossible de passer de la Bretagne à la Normandie sans passer par l’imposant Mont St Michel.
Certes les nouvelles installations et parking n’incite guère à sa visite mais on peut quand même éviter les flux touristiques insupportables en venant tôt le matin ou après 18h lorsque le Mont se vide et que les bus de « tamalous » repartent vers Pontorson. Il faut compter 5 € pour les motos mais vous pouvez réduire le coût et faire affaire avec la boutique de produits régionaux Lefranc à quelques mètres en achetant quelques produits et avec un large sourire vous pourrez laisser votre moto sur leur parking.
De même lors de la visite du Mont il est aisé de couper par les ruelles latérales ou par les remparts et éviter ainsi la cohue le long des boutiques de l’étroite rue principale. La visite de l’abbaye est très intéressante et la vue sur la baie est saisissante. Nous ne saurions vous recommander de rester loin du restaurant de la Mère Poulard tant cette adresse est une arnaque ambulante pour touristes. Sauf bien sur si vous êtes prêt à payer une omelette 35 €. A fuir !! D’ailleurs nous vous recommandons de manger avant ou après votre excursion au Mont St Michel car aucun restaurant n’est digne de ce nom (ils appartiennent tous au même propriétaire dont la priorité reste d’engranger un maximum d’argent avec un minimum de produits et de services). On trouve quelques bonnes adresses sur la route qui repart en direction d’Avranches à travers les marais par les Courtils.
Nous attaquons maintenant la péninsule du cotentin par la côte ouest vers Granville.
C’est une petite ville charmante sur un promontoire rocheux et la vue depuis la citadelle est très belle. On peut y voir des vestiges du Mur de l’Atlantique avec des bunkers orientés vers la mer.
La route continue ensuite vers le nord et nous passons Agon-Coutainville et fonçons vers le cap de la Hague et faisons une petite pause-café sur le charmant port de Diélette.
Le Nez de Jobourg offre une vue magnifique sur la baie d’Escalgrain que nos motos s’empressent de parcourir pour rejoindre Goury et son phare trônant au large.
Nous avons atteint le point le plus au nord de la péninsule et nous allons maintenant vers notre étape à Cherbourg mais nous faisons un détour pour voir le port Racine. Le plus petit port de France. Prévert qui possédait une maison à proximité à Ommonville aimait venir s’y promener et l’on le comprend tant il est difficile de résister à son charme.
Cherbourg, plus grosse ville de la péninsule et port important protégé par la seconde plus grande rade artificielle du monde. La ville doit beaucoup à Napoléon Ier qui en fit un port important pour la marine militaire. Les chantiers de la marine sont un des plus gros employeurs de la ville. Même si la ville n’a pas un grand attrait touristique c’est un bel endroit pour séjourner grâce à ses nombreux hôtels et restaurants. On peut aussi lui préférer un endroit plus calme comme le petit port de Barfleur plus à l’ouest.
Après avoir séjourné et diné sur le port de Cherbourg nous filons plein ouest pour rejoindre le phare de Gatteville, le deuxième plus haut de France, à la pointe de Barfleur.
Barfleur, Classé plus beau village de France, petit port de pêche typique du Cotentin est le seul village labellisé de la Manche. On peut y voir de beaux monuments mais c’est surtout la mer qui en est la vedette. A une dizaine de kilomètres on peut aussi visiter un autre village du même acabit à St Vaast la Hougue, un autre port qui fait face à l’ile de Tatihou.
Il faut maintenant descendre la péninsule vers le sud par la D14 mais nous la quittons bien vite à hauteur de Quinéville pour longer la mer au plus près et surtout voir la fameuse plage qui vit tant de GI américains fouler son sable le 6 juin 1944 : celle d’Utah Beach.
A hauteur des dunes de Varreville se trouve un monument à la mémoire des troupes du Général Leclerc. On peut y voir un char Leclerc et véhicules blindés de la 2ème DB, maintes fois repeints pour résister aux affres du temps et des embruns salés…C’est d’ici que par la borne zéro de la voie de la liberté de la 2ème DB conformément au serment de Koufra.
En se promenant dans les dunes on peut voir de nombreux vestiges du Mur de l’Atlantique, des bunkers tous reliés entre eux par des tranchées dont on devine encore le tracé.
A quelques encablures de poignée de gaz se trouve la plage de la Madeleine. La se trouve un musée du débarquement et de nombreux véhicules et stèles à la mémoire des différents corps de troupe. A quelques mètres de la commence le km 0 de la voie de la liberté. Je suis venu de très nombreuses fois sur cette plage mais c’est toujours plus impressionnant d’y venir tôt le matin lorsqu’il n’y a encore personne et que le soleil se lève. On peut alors imaginer en se plaçant au bord de la mer, la scène de ces milliers de jeunes américains traversant la plage en courant sous le feu de l’ennemi.
Mais aujourd’hui seuls quelques sulkys s’entrainent faisant trotter des chevaux sur cette plage déserte…
Nous suivons la voie de la Liberté jusqu’à St Mère Eglise par le bocage normand pour voir l’attraction principale du bourg : le mannequin du soldat John Steele de la 82ème Airborne, accroché au clocher de l’église.
Celui-ci resta accroché lors des parachutages au-dessus de Ste Mère et son parachute fut accroché par une statue du clocher, ce qui le sauva d’une mort certaine en le rendant invisible des soldats allemands qui encadraient la population à l’extinction de l'incendie d’une maison. Ce qu’il faut noter, c’est qu’aujourd’hui le mannequin trône côté place de l’église à la vue de tous, mais qu’en réalité il se trouva bloqué de l’autre côté, sur la rue opposée.
En face l’église se trouve un musée très intéressant dédié aux troupes aéroportées et spécialement la 101ème Airborne.
De Ste Mère Église nous prenons la quatre-voies gratuite vers Carentan pour rentrer. Il nous reste à vous faire partager toute la partie des plages du débarquement vers Omaha Beach et les côtes du Calvados, mais ce sera pour une prochaine fois…