Lorsqu'on envisage un grand voyage il y a un sujet important souvent source de questions et d'inquiétudes : le passage de frontière. Depuis 1995, en Europe communautaire, nous avons perdu l'habitude des formalités douanières tant la facilité de circulation est devenu grande. Il est loin d'en être de même dans le reste du monde. Avec quelques connaissances et du bon sens voici comment rendre les frontières presque sympathiques.

Tout d'abord il est préférable de passer une frontière en semaine et d'éviter les dimanches et jours fériés, car il y souvent moins de personnel et plus de monde. Il vaut mieux arriver le matin ou avant midi, pause déjeuner oblige. On peut ainsi avoir tout le temps de faire ses copies, passer de bureau en bureau sans stress et cela offre une sécurité si les délais  s'éternisent . Il faut savoir qu'aux heures de repas il est fort possible que tous les personnels prennent leur pause déjeuner ensemble, les guichets sont donc purement vide. Enfin assurez-vous que le poste frontière choisi est un poste principal et donc ouvert 24/24. Certains points de passage secondaire peuvent être fermé à certaines heures et ne pas offrir les services complémentaires ; photocopies ; guichet de vente d'assurance; bureau douane ; voir ne rien avoir du tout et du coup vous obliger à un détour vers une ville principale qui n'était peut être pas sur votre route. Se renseigner à l'avance sur les meilleurs points de passage, certains peuvent être plus facile que d'autres dans le même pays.

les règles à respecter pour se faciliter la vie :

Soyez présentable, on vous fera plus confiance et on traite toujours mieux quelqu'un qui n'a pas l'air pouilleux. D'autre part cela peut vous éviter trop de questions sur vos ressources financières pour subvenir à vos besoins  dans le pays (valable pour USA, Canada ). Soyez poli et affable, dites-vous bien que le douanier ne fait que son travail,  certes d'une manière qui peut vous sembler illogique et stupide ; quoi qu'il en soit il garde l'autorité suprême de décider ou pas de votre entrée sur le territoire. Mieux vaut toujours faire profil bas et ne pas perdre son sang-froid en cas de situation délicate. Vous aurez ensuite du mal à faire plier l'agent en votre faveur.  Cela dit ne jamais proposer d'argent avant qu'il en soit fait la demande, l'officier  pourrait très mal prendre votre tentative de corruption. 

Prévoyez du temps. Vous aurez peut être tout fait en 15 minutes mais en général il faut plutôt compter de 45 min à 3 heures. Cela peut aller au delà en cas de souci informatique, de bureau fermé, de problème de documents ou de  pause déjeuner (1h30 au Panama !).

Ayez tous vos documents avec vous et surtout à votre nom. Quelque soit la frontière on vous demandera toujours votre passeport, carte grise, et permis de conduire international. Si votre carte grise n'est pas à votre nom vous risquez de gros soucis  à moins de fournir une attestation certifiée conforme de prêt du véhicule par le propriétaire (voire un acte notarié pour certain pays). Certains pays demandent le carnet de passage en douane et un visa, il est essentiel de savoir avant ce qui est exigé pour chaque pays de votre périple ; arriver à une frontière le nez au vent n'est pas une bonne idée. Ayez également avec vous les copies des factures des appareils électroniques (ordinateur, appareil photo) car certains douaniers peu scrupuleux y voient souvent un moyen de récupérer des taxes en vous accusant d'avoir acheté ces biens dans le pays. Or sans preuve d'achat...

Prévoyez de l'argent, dollars bien sur, ou alors monnaie du pays sortant. Vous pourrez parer à des frais imprévus  et faire du change. Pensez à vous renseigner sur les taux de change avant ! Je garde en mémoire, par exemple, ces 2 voyageurs canadiens qui sont arrivés à la frontière du Pérou sans un centime en poche et donc incapables de payer les 35 $ d'assurance obligatoire, sésame obligatoire pour obtenir le document d'importation temporaire. 

Ayez des photocopies des documents :  passeport, carte grise et permis de conduire. D'ailleurs cela n'empêchera pas le douanier de vous demander une nouvelle photocopie du passeport avec le tampon qu'il vient d'apposer. Les douaniers sont souvent de mèche avec les bureaux de photocopies.

Une fois sur place.

A certains postes la file d'attente de bus et de  camions peut être impressionnante, sachez que pour les motos il est d'usage de remonter la file ; ne vous placez pas au bout de la queue car vous risquez d'attendre toute la journée. Ensuite vient la question ; par où commencer dans ce dédale de bâtiments, qui ne ressemblent souvent en rien à un poste frontière conventionnel. Il y a fort à parier que vous serez assailli de gens se présentant comme officiel, vous proposant de l'aide pour vous guider dans ce parcours du combattant. Essayez de les éviter et éventuellement les ignorer ils finiront par se lasser. Soyez patient, regardez autour de vous, ce que font les autres, évaluez la situation et ensuite dirigez-vous de vers les guichets à proximité et l'on vous dira où aller. Si vous deviez faire appel à ces guides assurez-vous d'avoir fixé le prix avant.

Avant de commencer les formalités garer votre moto à un endroit ou elle sera le plus visible pour vous. L'idéal étant de passer la frontière à plusieurs , cela permet d'avoir une personne qui monte la garde pendant que l'autre fait la queue.

Commencez votre itinéraire par le bureau d'immigration pour obtenir le tampon sur votre passeport (assez facile à repérer en général). Il est possible qu'il y ait des frais malgré les informations que vous auriez pu voir sur les sites du ministère. Souvent ces informations s'appliquent aux voyageurs "normaux" qui arrivent par avion. L'entrée par voie terrestre est souvent liè à d'autres règles !! Si vous posez la question sur la raison de ces frais dont vous n'aviez pas connaissance, il est probable qu'on vous réponde "local tax" (taxe locale). Si l'on vous pose des questions, répondez poliment sans pour autant raconter votre vie ou votre voyage. Gardez bien à l'esprit qu'il n'est pas nécessaire que l'officier d'immigration devienne votre ami !

Vous pouvez désormais passer aux formalités de douanes pour le véhicule. Muni de vos originaux et photocopies, rendez-vous aux bureaux de douane, parfois plus difficile à trouver que l'immigration, pour y obtenir votre permis d'importation temporaire. On vous demandera de remplir des documents que l'agent ressaisira dans l'ordinateur. Vérifiez systématiquement et consciensieusement le document qui vous sera remis, une erreur sur votre plaque d'immatriculation ou sur le numéro de chassis et l'on vous promet l'enfer pour sortir du pays. Payez l'éventuelle taxe et vous voilà en possession de votre sésame pour tous les contrôles routiers. Pensez à demander, ou vérifier, la validité de ce permis temporaire ; il peut être différent de la durée autorisée par votre passeport. Malheur à vous si vous sortez du territoire hors délais. Une preuve d'assurance peut vous être demandée avant de faire les formalités d'importation. Attention tous ces différents bureaux sont parfois très éloignés les uns des autres. 

Il est possible que l'on fouille votre moto et tous les bagages, il est donc vital de savoir ce qui est autorisé d'avoir ou pas pour chaque pays traversé, une simple tomate ou saucisson peut vous mettre en difficulté. Lors de la fouille, soyez maître du temps, ne vous laissez pas stresser par l'officier et surtout procédez valise par valise ou sac par sac. Si vous déballez toutes vos affaires de manière désordonnée pour un contrôle il risque de manquer quelque chose au remballage. Une petite astuce, mettez vos affaires sales sur le dessus de vos sacs,  généralement cela freine les ardeurs de fouille.

Vous pensez en avoir fini, pas si sur !  Il est possible qu'il soit nécessaire de passer à la fumigénisation, payante bien sur,  de votre moto (traitement bactériologique pour empêcher l'intrusion de maladie ou virus). Ne rangez pas tout de suite vos documents au fond de la sacoche car il est fort probable qu'il y ait un contrôle routier 10 km plus loin qui s'empressera de vérifier que tout est en règle. Bref, prenez tout ça comme un jeu, le pire qui peut vous arriver c'est de vous voir refuser l'entrée du pays !

en résumé :

 et rappelez vous qu'il n'y a pas de frontière impossible.